4.2.5 - En guise de conclusion sur l'Histoire des continents et des océans...



On pourrait résumer de façon succincte l'histoire des continents et des océans à travers les temps géologiques, par les quelques points suivants.

L'Archéen, la période la plus vieille du Précambrien, a vu la formation des premiers noyaux continentaux, alors qu'au Protérozoïque, c'est l'augmentation du volume des masses continentales par leur accrétion qui a dominé.

On pourrait dire que le Paléozoïque se caractérise par : un temps, deux mouvements. Premier mouvement, c'est le démembrement du mégacontinent Rodina de la fin du Protérozoïque. Deuxième mouvement, c'est le rassemblement qui conduit à la Pangée. Ce grand rassemblement cause des collisions entre les plaques, collisions qui produisent des chaînes de montagnes, comme le système Appalaches-Calédonides, le système Mauritanides-Hercynides et la chaîne des Ourals.

On serait presque tenté de dire que l'histoire du Mésozoïque-Cénozoïque, c'est l'histoire de l'Atlantique. Mais il y a plus. C'est le démembrement de la Pangée certes, mais ici aussi des collisions de plaques ont produit des chaînes de montagnes, comme les Pyrénées, le système des Alpes et des Atlas, les cordillères des Amériques et, la petite dernière, l'Himalaya.

On vient de voir que durant les temps géologiques, il y a eu des rassemblements de continents pour former des mégacontinents et des périodes où ces mégacontinents ont été fragmentés et leurs pièces dispersées; une sorte de valse des continents. Manifestement, la tectonique des plaques a été active pratiquement tout au long de l'histoire de la Terre, du moins depuis le Protérozoïque.

Une telle histoire suscite des questions.

Nous n'avons pas de réponses définitives à ces questions, mais au moins une hypothèse intéressante. C'est l'hypothèse avançée par les chercheurs Nance, Worsley et Moody (Pour la Science,1988) qu'on a qualifié de "cycle des mégacontinents". Cette hypothèse veut qu'un mégacontinent comme la Pangée, par exemple, entouré de zones de subduction, reste immobile par rapport au manteau. Comme la conductivité thermique de la croûte continentale, c'est-à-dire sa capacité à transporter la chaleur, est la moitié de celle de la croûte océanique qui l'entoure, le mégacontinent agit comme une plaque isolante. La chaleur s'accumule donc sous celui-ci; les matériaux prennent de l'expansion, amenant un soulèvement du continent. Il s'établit des tensions dans le continent, tensions qui vont contribuer à fragmenter la masse continentale.

Après la fragmentation, les morceaux se détachent de la masse principale et s'abaissent en s'en éloignant. La chaleur accumulée se dissipe par la croûte océanique qui possède une meilleure conductivité thermique. Un bloc immobile reste surélevé.

On considère que le continent africain actuel est un exemple d'un tel bloc. Des morceaux de l'Afrique se détachent, comme l'Arabie, au nord-est et tout ce qui se trouve à l'est du Grand Rift. Il se forme autour de ce bloc, des mers linéaires qui vont s'ouvrir progressivement et vieillir.

Pourquoi les pièces vont-elles par la suite se rassembler? L'explication tient dans le vieillissement de la lithosphère océanique aux marges d'un océan qui s'agrandit de plus en plus.

A la marge d'un océan de type Atlantique, caractérisé par une marge passive où toute la plaque se déplace dans le même sens, l'action combinée du refroidissement de la lithosphère océanique et la charge des sédiments va entraîner une subsidence accélérée qui va conduire à la création d'une zone de subduction.

La marge devient active, le mouvement de la plaque continentale est inversé et les deux plaques convergent. Les masses continentales se rassemblent à nouveau et le cycle recommence.

Les travaux les plus récents sur la géologie du Précambrien ont permis d'identifier au moins quatre, peut-être même cinq de ces mégacontinents des temps anciens et qu'il y a eu une certaine cyclicité dans leur formation et leur démembrement; chaque fois, ils se sont fragmentés, démembrés et dispersés.

On leur a même donné des noms : Vaalbara que d'autres ont appelé Ur, le plus ancien, qui aurait existé entre 3,2 et 2,9 Ga; Kenorland, aussi appelé Hudsonia, qui aurait existé entre 2,2 et 2,1 Ga; Columbia, qui est assez bien défini aujourd'hui et qui s'est étendu de 1,8 et 1,5 Ga; puis Rodinia, entre 1 Ga et 750 Ma; finalement la Pangée de Wegener, il y a 300 Ma. On commence à soupçonner l'existence d'un autre autour des 2,6 Ga. Ces continents ont eu des durées de vie se situant entre 100 et 300 Ma. On voit donc une périodicité de 300 à 500 Ma dans la formation de tels mégacontinents.



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