5.4 - Les collines montérégiennes au Crétacé


On connaît très mal l'histoire géologique mésozoïque du Québec, la raison principale étant que l'ensemble du territoire a été raboté par les glaces du Pléistocène (les derniers 2 Ma). On considère qu'après l'érection des Appalaches au Dévonien, la masse continentale incluant le Québec est demeurée au-dessus du niveau marin. Des séries sédimentaires s'y sont certainement déposées, mais celles-ci ont été complètement détruites par le décapage des glaciers. En fait, les seules couches d'âge Mésozoïque qui nous sont connues sont celles que l'on retrouve associées à l'astroblème de Manicouagan (Trias) (voir page suivante 5.5). On connaît aussi quelques dykes triassiques, notamment en Gaspésie, dont l'origine est reliée à la fragmentation de la Pangée et l'ouverture de l'Atlantique. On peut, par exemple, observer un de ces dykes sur la rive nord du Parc Forillon. Très peu donc pour retracer l'histoire du Mésozoïque.

Cela dit, il y a un tout petit morceau de l'histoire mésozoïque du Québec qui nous est connu grâce à un chaînon de collines qui, entre autre, marquent le paysage de la plaine de Montréal: les collines montérégiennes. Ce chaînon qui se trouve en partie sur la Plate-forme du St-Laurent et en partie dans les Appalaches s'étire d'ouest en est, d'Oka jusqu'au Mont Mégantic; il se poursuit aux U.S.A.

Les roches des collines montérégiennes sont des roches ignées intrusives: syénites diorites et gabbros. Contrairement à ce qui est souvent dit et même écrit, particulièrement dans le cas du Mont-Royal au coeur de Montréal, les montérégiennes ne sont pas d'anciens volcans. Ce sont des intrusifs (plutons et dykes) qui se sont mis en place, au Crétacé, dans les couches sédimentaires de la Plate-forme du St-Laurent ou des Appalaches selon le cas et qui ont été mis à nu par l'érosion post-Crétacé. L'érosion différentielle a causé ces accidents topograhiques que sont les montérégiennens dans la plaine de Montréal, la roche intrusive de ces dernières étant plus résistante que les roches sédimentaires encaissantes.

On croit que le chaînon des montérégiennes est le résultat d'un magmatisme relié au déplacement vers l'ouest de la plaque nord-américaine au-dessus d'un point chaud stationnaire. Le chaînon se poursuit vers l'est aux U.S.A. et s'aligne avec un chaînon volcanique sur les fonds océaniques, dans la plaine abyssale de Sohm, à l'ouest de la dorsale médio-atlantique.

Le magmatisme n'aurait pas percé entièrement la croûte continentale au-dessus du point chaud, alors qu'au niveau de la croûte océanique s'est développé un chaînon de volcans.

Les syénites et diorites des collines montérégiennes ont donné des âges radiométriques s'étalant de 99 à 120 Ma, alors que les gabbros indiquent des âges de 126 à 140 Ma, le tout avec des degrés d'incertitude allant jusqu'à ± 11 Ma. S'il est vrai que les montérégiennes sont dues au déplacement de la plaque nord-américaine au-dessus d'un point chaud stationnaire, on devrait avoir idéalement un étalement d'âges de plus en plus jeunes d'ouest en est (d'Oka vers Mégantic). Mais le niveau de précision de la méthode de dation ne permet pas de déceler cet étalement des âges s'il existe. En effet, si on assume un déplacement latéral de la plaque de 1,5 cm/an (taux de divergence de 3 cm/an comme présentement à la dorsale médio-atlantique), le chaînon des montérégiennes québécoises se serait formé en 14 Ma (distance de 250 km entre Oka et Mégantic), un intervalle de temps trop court pour les imprécisions de nos datations (jusqu'à ± 11 Ma).


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